Une musique du monde faite en Allemagne?
Les compétitions Creole et l’idéal d’une société plurielle dans l’Allemagne d’aujourd’hui.
Philosophische Fakultät
Diese Arbeit untersucht das Beziehungsgeflecht zwischen musikalischen kreativen Prozessen, Identitätspolitik und Globalisierung im heutigen Deutschland anhand eines bestimmten Falls: dem Musikwettbewerb "Creole", der seit 2006 in unterschiedlichen Orten von Deutschland stattfindet. Laut Programmtext soll diese Veranstaltung die Kreolisierung der Musikwelt und die Vernetzungen zwischen unterschiedlichen Kulturen und Musikgattungen widerspiegeln. Bei einer genauen Untersuchung des Entstehungs- und Durchführungsprozess erweisen sich aber der Erwartungshorizont und die Erfahrungen der Teilnehmer als komplex und vielschichtig. Statt eine klar gewichtete Realität wiederzugeben, produzieren diese Festivals eine « Weltmusik aus Deutschland » (aus Berlin, aus Nordrhein-Westphalen, Bayern usw.), deren Formen die bestehenden musikalischen Kategorien und Erfahrungsmuster auf der Probe stellen.
Die ethnologische Untersuchung dieses Falls ist hier ein Mittel, um im Sinne der histoire croisée (Werner/Zimmermann 2003) einen Einblick in unterschiedliche Aspekte der deutschen Gesellschaft zu gewinnen : als "Einwanderungsland", das zwischen dem Ideal einer pluralistischen Gesellschaft und der Akzentuierung von ethnischen Grenzen hin-und hergerissen wird; als "Musikland", das für sein reiches, klassisches Erbe bekannt ist aber sich auch zu anderen Formen von populärer oder "globaler" Musik öffnet ; als Bundesrepublik, die heute sowohl mit den differenzierten Realitäten in den Ländern als auch mit internationalen Steuerungsinstanzen der Kulturpolitik umgehen muss.
So breit der Hintergrund ist, so genau ist hier der Blick auf die konkreten Interaktionsprozesse, um im Sinne einer « dichten Beschreibung » den Enstehungs- und Durchführungsprozess der Festivals in ihren jeweiligen Kontexten zu analysieren, die aufeinander folgenden Auswahletappen von der Ausschreibung bis hin zu den ritualisierten Preisverleihungen zu verfolgen und die Debatten zum „Wert“ der Musik sowie zum Sinn
und Zweck der Veranstaltung analysieren zu können. Ce travail vise à rendre compte des relations entre création musicale, politiques de la diversité et mondialisation dans l’Allemagne d’aujourd’hui en partant d’un cas : creole, un cycle de compétitions organisé selon un principe fédéral, qui donne lieu à des festivals dans différentes villes et débouche tous les deux ans sur un prix récompensant trois ensembles de « musiques du monde d’Allemagne ». Selon les textes des programmes, cette manifestation est censée illustrer la créolisation du monde et les connexions émergeant entre différentes cultures et genres musicaux présents en Allemagne. Lorsque l’on se penche sur le processus d’émergence de ce projet et les dynamiques de mobilisation des participants, il s’avère cependant que le spectre des attentes est plus complexe et que ces événements, plutôt qu’illustrer une réalité univoque, fabriquent en des versions plurielles tout un monde de musiques d’Allemagne.
L’étude de ce cas n’est pas une fin en soi mais un moyen pour appréhender divers aspects de l’Allemagne contemporaine. Les débats qui ont cours dans l’intimité du secteur des « musiques du monde » manifestent plus largement des tensions traversant la société allemande d’aujourd’hui : en tant que terre d’immigration partagée entre l’idéalisation du métissage et la mise en avant de cultures distinctes, en tant que « pays de musique » connu pour la richesse de son patrimoine savant et en même temps désireux de promouvoir des artistes « populaires » ou « modernes », en tant que système politique fédéral devant composer avec les diverses instances locales et les cadres mondialisés du marché et de la politique culturelle. Autant l’arrière-plan considéré dans ce travail est large, autant l’attention portée aux situations d’interaction se veut précise : pour rendre compte du processus de fabrique des festivals et des environnements différenciés dans lesquels ils s’inscrivent, des logiques de sélection et des dynamiques de délibérations des jurys, des cadres organisant chaque épreuve ainsi que des débats qui surgissent parmi les spectateurs sur « l’esprit » des festivals creole. This work aims to show the relations between musical creation, identity politics and globalization in Germany today taken from one case: the creole competitions, a cycle of festivals leading every two years to a prize for “world music from Germany” (since 2010 “Global Music”). According to its accompanying text, this festival is intended to illustrate the “creolization” of music in Germany. When one investigates the genesis of the project and the mobilization of candidates, partners and experts, it turns out that the expectations are more complex and that these events, rather than illustrating an established reality, create plural versions of a “world music from Germany”.
The crux of this work is to explain the tensions between the values which have currency within the intimacy of this professional sector (“die Nische Weltmusik”) and the public perception of the genre, tarnished with suspicion and controversy. This world of music cuts across questions that mark more generally German society today : as an “country of immigrants” (Einwanderungsland) torn between the idealization of cross-fertilization and the fear of diversity, as a “music country” (Musikland) known for the richness of its intellectual heritage, but desirous to promote examples of contemporary music and as a political system divided between local structures and globalized frameworks which define public culture. Just as the background of this work is large, so too the attention given to specific situations has to be precise : to show the organizing frameworks of the contests, the various criteria taken into account by the juries in their deliberations and the debates which emerge among the spectators on the “spirit” of this manifestation.
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