Voltaire und Goethe
Religionskritik und Kunstreligion
Humboldt-Universität zu Berlin
Friedrich von Schlegel visa juste en appelant Goethe le Voltaire de l'Allemagne. Goethe avait une connaissance profonde des œuvres et des idées du philosophe français; il admirait en lui le plus grand génie de son époque, un "patriarche" qui se battait avec un zèle infatigable pour sa conception du monde et pour sa confession déiste. Mais d'après Goethe, Voltaire ne sut pas représenter la marche de l'histoire du monde comme un univers autonome et idéal; il ne réussit pas comme Shakespeare, génie tutélaire du Sturm und Drang, à braver les contradictions d'une mesquine réalité par la création d'une œuvre dans laquelle la liberté de l'homme s'accorderait harmonieusement avec les forces irrésistibles du grand tout. Goethe reprit la lutte du philosophe français contre les préjugés, mais il la transforma en un combat pour une poétique de l'enthousiasme; c'était à travers la beauté des productions du "génie" que devait être soutenue la cause de l'humanité. L'explication parallèle de deux poèmes – Epître à Uranie et Prometheus – éclairera ces deux aspects de la réception de Voltaire par Goethe.